Panse Bête n°8

 

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Panse bête n°8

Voici la lettre d'information co-rédigée
par les Défis Ruraux et le GRABHN.
Informations techniques et témoignages sont au menu.

Bonne lecture !

 

Marjolaine Huguet & Joseph Duhamel, conseillers élevages au GRAB HN
Coralie Henke & Bertrand Farrié, animateurs systèmes herbagers aux Défis Ruraux

 
 

Nos éleveurs témoignent

 

Ludovic HERVIEU, Polyculteur et éleveur de 270 brebis de race Poll Dorset en AB – Beaumont-le-roger (27) – Plateau du Neubourg – 22 ha pâturés + 19 ha de luzerne et luzerne-dactyle (témoignage du 06 février 2015)
« Mes brebis sont organisées en 2 lots. Le lot qui agnelle en novembre/décembre est à l’herbe du 15 février au 15 novembre. Je les rentre avant l’agnelage et je leur donne uniquement du foin de luzerne pour éviter d’avoir de trop gros agneaux. Après l’agnelage, j’ajoute progressivement à la ration un mélange d’orge et de pois protéagineux jusqu’à atteindre la dose de 1 kg/brebis/jour. Avant le sevrage, la dose de concentrés est diminuée puis supprimée. Ensuite les brebis repartent à l’herbe, tandis que leurs agneaux sont finis en bâtiments avec du foin de luzerne et 500 g de mélange orge-pois. Les bonnes années, s’il ne fait pas trop froid, le lot qui agnelle en mars est à l’herbe toute l’année sur les prairies ou sur des dérobées, sauf pendant les 3 semaines d’agnelage. Cette année, elles sont en bâtiment en janvier et février avec du foin de dactyle-luzerne et 500 g de mélange orge-pois. Leurs agneaux seront élevés uniquement à l’herbe. Mes prairies sont conduites en pâturage tournant avec des parcelles de 2 ha pour 150 à 200 brebis. Je les change de parcelle tous les 15-20 jours. »

>>> Résultats de production : Agneaux d’herbe : 19 kg carcasse en 200 jours - Agneaux de bergerie : 19 kg carcasse en 150 jours.

 

Eric Chivot – 90 vaches laitières de race Normande – Bosc-Bordel (76) – Pays de Bray – Système sans maïs (témoignage du 26 février 2015)
« Il y a quelques années, nous avons fait le choix d’arrêter d’alimenter nos vaches avec de l’ensilage de maïs. Après quelques échanges avec d’autres agriculteurs nous avons opté pour une ration basée sur l’enrubannage. Aujourd’hui nous distribuons 11 kgMS de RGA/TB enrubanné, 3.5 kgMS de pois enrubanné produit sur la ferme, 0.5 kg de paille et 1.2 kg de betteraves. Le pois permet l’apport d’un fourrage avec des valeurs plus intéressantes que l’herbe  (0.85 UF, 106 de PDIN et 74 de PDIE). Cette année, en raison de leur faible coût, nous donnons également 800 g de pommes de terre.
Pour la distribution de concentrés, nous avons divisé le troupeau en 2 lots : un lot + pour les vaches à plus de 18 kg de lait et un lot -. Le lot + reçoit 3.4 kg d’un concentré fermier préparé par la coopérative à partir de nos céréales, 1.3 kg de soja et 4.4 kg de fibre de blé. Pour le lot -, les quantités de concentré et de soja sont réduites à 1.5 kg et 800 g. Cette année, nous avons augmenté la proportion de fibres de blé par rapport au concentré pour diminuer le coût de la ration avec d’aussi bons résultats.
Grâce à notre conduite en lots, les concentrés économisés sur le lot – ont permis d’en distribuer un peu plus au lot + pour maximiser leur production. »

>>> Résultats de lait février : 17 L/VL, 47 de TB et 38.4 de TP

 

Faciliter l’élevage des veaux et des génisses !

Des éleveurs biologiques se sont organisés pour simplifier l’élevage des veaux. Le cahier des charges AB impose un minimum de 90 jours de lait maternel. Les concentrés coûtent très cher. C’est pourquoi certains optent pour des conduites collectives simples.

En race allaitante, l’allaitement maternel est une évidence. En race laitière, au contraire, des plans lactés plus ou moins complexes sont en vigueur. Des éleveurs ont fait évoluer leurs techniques : ils laissent les veaux sous la mère ! C’est un avantage pour la croissance et la santé des veaux. Cette technique a plusieurs variantes qui dépendent des objectifs de chacun.

 

Démarrer les veaux sous la mère

veau mereDes éleveurs laissent les veaux 15 jours avec leur mère biologique dans le troupeau. Les vaches sont traites à partir du 2ème ou 3ème jour après vêlage. Ensuite, les veaux mâles sont vendus directement et les femelles séparées de leur mère pour être élevées de manière traditionnelle. L’objectif est de permettre une socialisation du veau avec le reste du troupeau. Mais aussi d’assurer un bon démarrage des veaux et de vendre des mâles un peu plus cher.

Certains laissent les veaux jusqu’à 4 semaines avec leur mère dans le troupeau. Attention : la séparation tardive provoque un stress important pour les jeunes. Cela entraine des problèmes de diarrhée, d’apprentissage de la buvée et de perte de croissance.

 

Elever des génisses sous des nourrices

La simplification extrême de l’élevage des génisses consiste à les élever comme des veaux sous la mère. Des vaches nourrices sont choisies dans le troupeau des laitières pour former un petit troupeau allaitant indépendant. On fera le choix des nourrices parmi des primipares, des vaches à l’instinct maternel plus marqué, ou encore des vaches à problèmes. Compter environ 3-4 veaux par nourrices. Pendant la phase d’adoption, il faudra les isoler dans un box individuel pendant quelques jours, et s’assurer que tous les veaux boivent bien. Parfois, au démarrage, il est nécessaire de bloquer la nourrice aux cornadis pour faciliter l’accès des veaux.

La conduite peut se faire en bâtiment ou à l’herbe. Dans les deux cas de figure, il faudra rester vigilant pour garder le contact Homme-veau :

- Choisir un box ou une parcelle proche d’un lieu de passage

- Etre présent dans le troupeau et approcher les veaux quotidiennement

 

Une autre option pour faciliter le lien avec l’éleveur est d’augmenter le nombre de veaux par nourrices. Puis d’installer un milk-bar à tétine approvisionné une à deux fois par jour pour apporter la part de lait manquante.

A l’herbe, la gestion des parasites au pâturage est facilitée. Les veaux se contaminent progressivement en augmentant la part d’herbe pâturée tout en continuant à boire du lait. Ceci leur permet de s’immuniser contre les parasites. Ainsi, il n’est pas nécessaire de vermifuger systématiquement.

Pour le sevrage, les pratiques sont variables : certains vont au-delà des 3 mois réglementaires (jusqu’à 10-12 mois) pour favoriser la croissance et permettre aux veaux de s’immuniser contre les parasites.

Les éleveurs qui ont testé ces méthodes sont pour l’instant enthousiastes. Ils respectent le cahier des charges de l’AB, ont des génisses en pleine forme, bien charpentées, épargnent à certaines vaches une réforme anticipée et économisent sur la consommation de concentrés. 100 % gagnant !!

Des élevages bio haut-normands ont mis en œuvre ces différentes pratiques. N’hésitez pas à nous contacter pour aller visiter ces élevages.

 

Sources : Faciliter l’élevage des génisses (Terra, Octobre 2013), Des nourrices pour alimenter les veaux (Biobrèves, Septembre 2012), Des veaux laitiers élevés sous la mère ou par des nourrices (Symbiose, Novembre 2013)

 

Comprendre son sol sous la prairie

solFocalisé sur ce qui se passe au-dessus des prairies, on a parfois tendance à oublier le sol qui est aussi important pour faire pousser de l’herbe que pour faire pousser des cultures. Mais un bon entretien nécessite au préalable une compréhension de son fonctionnement.

 

♦ Fonctionnement d’un sol brun
A l’image des organismes vivants, un sol traverse trois phases au cours de sa vie :
1-Formation : le sol se construit peu à peu à partir de l’altération de la roche-mère et de la décomposition de matière organique en surface
2-Sol brun : Forme classique des sols dans nos régions tempérées
3-Dégradation : Le sol s’appauvrit à cause d’une dégradation de sa structure, d’une acidification ou du lessivage des éléments minéraux
Pour mener une activité agricole à long terme, l’enjeu est de réussir à maintenir le plus longtemps possible la phase de sol brun.

 

Le complexe argilo-humique
Le sol brun est caractérisé par la présence d’un complexe argilo-humique. Cette structure composée d’argile et d’humus permet la fixation des éléments minéraux dont certains assurent la cohérence de l’ensemble (fer, calcium et magnésium).
Le complexe argilo-humique joue un rôle essentiel dans le fonctionnement du sol pour deux raisons :
- L’humus permet de stabiliser le pH. Il provient de la transformation de la matière organique morte, c’est l’humification
- L’utilisation de l’humus par les micro-organismes du sol permet la libération d’éléments nutritifs utilisables par la plante, c’est la minéralisation

La minéralisation dépend de la structure du sol
Une minéralisation optimale nécessite trois facteurs :
- De la chaleur : l’activité microbienne commence à 8-10°C
- De l’aération : sol relativement poreux
- De l’humidité : circulation de l’eau
Ces trois facteurs dépendent directement de la structure du sol, c’est donc elle qui va conditionner la fertilité du sol.

Influence des pratiques agricoles
Certaines pratiques vont avoir un effet stabilisant (par l’apport d’humus) sur le sol alors que d’autres vont avoir un rôle minéralisant (stimulation de l’activité microbienne). Les pratiques minéralisantes conduisent à une consommation d’humus, ce sont donc bien souvent des pratiques acidifiantes.

Pratiques humifiantes/stabilisantes

Pratiques minéralisantes/stimulantes

Prairie
TCS
Compost
BRF
Paillage
Couverts végétaux stade floraison (sarrazin, crucifères…)

Travail du sol (aération et réchauffement du sol)
Fumier « frais »
Lisier/purin
Engrais ammoniacaux
Tunnel
Irrigation
Paillage plastique
Apports calciques*
Couverts végétaux avant floraison

*L’entretien calcique (sous réserve qu’il ne soit pas réalisé avec de la chaux qui est plutôt un désinfectant) a une action bénéfique sur l’activité microbienne du sol. C’est la seule technique qui soit minéralisante sans être acidifiante.

 

Caractériser son sol pour mieux le fertiliser

 

Réserve en calcium par un test à l’acide (acide sulfurique à 27 %)

Le calcium présent dans le sol permet de tamponner l’acidité du sol et sa présence dépend de la dégradation et de la nature de la roche-mère.

Pour évaluer le taux de calcaire dans le sol, prélevez une poignée de terre, versez un peu d’acide et observez la réaction.

Effet de l’acide

Taux de calcaire

 

Possibilité de blocage des  minéraux par le calcaire

Mousse instantanément

> 5 %

Mousse progressive

2 - 5 %

Pétillement audible sans bulle visible

0 - 2 %

Rien

0 %

 

Si le taux de calcaire est faible, il faut envisager un amendement calcique.

 

Le taux d’argile du sol

Le taux d’argile dans le sol fixe sa capacité de fertilisation (CF), c’est-à-dire la quantité d’éléments qui peuvent être stockés dans le complexe argilo-humique. Pour l’évaluer, il suffit de faire un boudin de terre et de regarder ce qu’il se passe quand on le plie :

- Si on peut faire un boudin mais pas le plier : ~ 10 % d’argile

- Si on peut faire un croissant : 15  % d’argile

- Si on peut faire un cercle : 20  % d’argile

 

 

Argile < 10 %

Argile < 15 %

Argile > 20 %

Sol peu profond < 50 cm d'enracinement potentiel

CF faible

CF faible

CF moyen

Sol moyennement profond 50 à 70 cm d'enracinement potentiel

CF faible

CF moyen

Variable selon la qualité des argiles

Sol profond > 70 cm

CF moyen

Variable selon la qualité des argiles

Elevé

 

Cet élément est important pour raisonner ses apports calciques et organiques. Il est inutile de faire un apport plus grand que ce que le sol peut fixer, cela ne fera qu’entraîner un gaspillage.

 

 

Cf faible

CF moyen

CF élevé

Apports calciques action lente

2500 kg/ha

2500 à 3000 kg

4000 à 5000 kg

Apports calciques action rapide

300 à 500

600 à 900

800 à 1200

Apports organiques fumier

15 à 20 t/ha

30 à 50 t/ha

50 à 70 t/ha

Apports organiques compost mûr

10 t/ha

15 à 25 t/ha

25 à 35 t/ha

 

Apports calciques à action lente : calcaire broyé, marnes…
Apports calciques à action rapide : chaux…


Trucs et astuces

 

La veilleuse des vaches
veilleuseLa nuit, vous avez l'habitude de laisser la lumière allumée pour votre troupeau en bâtiment ? Alors, cette astuce devrait vous permettre d'économiser de l'énergie : remplacer les néons par un spot de lumière rouge. C'est ce que Daniel a fait : il a remplacé 12 néons à 18W par un spot rouge de 30 WRVB à 70 euros pour éclairer 320 m². Avec ce système, on effectue une économie de plus de 400 kWh par an (40 euros/an) sans compter l'économie sur le renouvellement des néons. Il n'a pas observé de changement au niveau des vaches !

 


Agenda

 

11 mars.
Journée de perfectionnement « Méthode Obsalim » avec le groupe Herbe « Pays de Bray » (Contact : Bertrand)

 
 


 

LA PLUME EST À VOUS...

Vous souhaitez partager vos trucs et astuces ou vos observations de terrain autour de la thématique de l'élevage herbager, alors envoyez-nous vos écrits et photos, pour le prochain Panse Bête.

 
 

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