Nos éleveurs témoignent
♦ Ludovic HERVIEU, Polyculteur et éleveur de 270 brebis de race Poll Dorset en AB – Beaumont-le-roger (27) – Plateau du Neubourg – 22 ha pâturés + 19 ha de luzerne et luzerne-dactyle (témoignage du 06 février 2015) « Mes brebis sont organisées en 2 lots. Le lot qui agnelle en novembre/décembre est à l’herbe du 15 février au 15 novembre. Je les rentre avant l’agnelage et je leur donne uniquement du foin de luzerne pour éviter d’avoir de trop gros agneaux. Après l’agnelage, j’ajoute progressivement à la ration un mélange d’orge et de pois protéagineux jusqu’à atteindre la dose de 1 kg/brebis/jour. Avant le sevrage, la dose de concentrés est diminuée puis supprimée. Ensuite les brebis repartent à l’herbe, tandis que leurs agneaux sont finis en bâtiments avec du foin de luzerne et 500 g de mélange orge-pois. Les bonnes années, s’il ne fait pas trop froid, le lot qui agnelle en mars est à l’herbe toute l’année sur les prairies ou sur des dérobées, sauf pendant les 3 semaines d’agnelage. Cette année, elles sont en bâtiment en janvier et février avec du foin de dactyle-luzerne et 500 g de mélange orge-pois. Leurs agneaux seront élevés uniquement à l’herbe. Mes prairies sont conduites en pâturage tournant avec des parcelles de 2 ha pour 150 à 200 brebis. Je les change de parcelle tous les 15-20 jours. »
>>> Résultats de production : Agneaux d’herbe : 19 kg carcasse en 200 jours - Agneaux de bergerie : 19 kg carcasse en 150 jours.
♦ Eric Chivot – 90 vaches laitières de race Normande – Bosc-Bordel (76) – Pays de Bray – Système sans maïs (témoignage du 26 février 2015) « Il y a quelques années, nous avons fait le choix d’arrêter d’alimenter nos vaches avec de l’ensilage de maïs. Après quelques échanges avec d’autres agriculteurs nous avons opté pour une ration basée sur l’enrubannage. Aujourd’hui nous distribuons 11 kgMS de RGA/TB enrubanné, 3.5 kgMS de pois enrubanné produit sur la ferme, 0.5 kg de paille et 1.2 kg de betteraves. Le pois permet l’apport d’un fourrage avec des valeurs plus intéressantes que l’herbe (0.85 UF, 106 de PDIN et 74 de PDIE). Cette année, en raison de leur faible coût, nous donnons également 800 g de pommes de terre. Pour la distribution de concentrés, nous avons divisé le troupeau en 2 lots : un lot + pour les vaches à plus de 18 kg de lait et un lot -. Le lot + reçoit 3.4 kg d’un concentré fermier préparé par la coopérative à partir de nos céréales, 1.3 kg de soja et 4.4 kg de fibre de blé. Pour le lot -, les quantités de concentré et de soja sont réduites à 1.5 kg et 800 g. Cette année, nous avons augmenté la proportion de fibres de blé par rapport au concentré pour diminuer le coût de la ration avec d’aussi bons résultats. Grâce à notre conduite en lots, les concentrés économisés sur le lot – ont permis d’en distribuer un peu plus au lot + pour maximiser leur production. »
>>> Résultats de lait février : 17 L/VL, 47 de TB et 38.4 de TP
Faciliter l’élevage des veaux et des génisses !
Des éleveurs biologiques se sont organisés pour simplifier l’élevage des veaux. Le cahier des charges AB impose un minimum de 90 jours de lait maternel. Les concentrés coûtent très cher. C’est pourquoi certains optent pour des conduites collectives simples.
En race allaitante, l’allaitement maternel est une évidence. En race laitière, au contraire, des plans lactés plus ou moins complexes sont en vigueur. Des éleveurs ont fait évoluer leurs techniques : ils laissent les veaux sous la mère ! C’est un avantage pour la croissance et la santé des veaux. Cette technique a plusieurs variantes qui dépendent des objectifs de chacun.
♦ Démarrer les veaux sous la mère
Des éleveurs laissent les veaux 15 jours avec leur mère biologique dans le troupeau. Les vaches sont traites à partir du 2ème ou 3ème jour après vêlage. Ensuite, les veaux mâles sont vendus directement et les femelles séparées de leur mère pour être élevées de manière traditionnelle. L’objectif est de permettre une socialisation du veau avec le reste du troupeau. Mais aussi d’assurer un bon démarrage des veaux et de vendre des mâles un peu plus cher.
Certains laissent les veaux jusqu’à 4 semaines avec leur mère dans le troupeau. Attention : la séparation tardive provoque un stress important pour les jeunes. Cela entraine des problèmes de diarrhée, d’apprentissage de la buvée et de perte de croissance.
♦ Elever des génisses sous des nourrices
La simplification extrême de l’élevage des génisses consiste à les élever comme des veaux sous la mère. Des vaches nourrices sont choisies dans le troupeau des laitières pour former un petit troupeau allaitant indépendant. On fera le choix des nourrices parmi des primipares, des vaches à l’instinct maternel plus marqué, ou encore des vaches à problèmes. Compter environ 3-4 veaux par nourrices. Pendant la phase d’adoption, il faudra les isoler dans un box individuel pendant quelques jours, et s’assurer que tous les veaux boivent bien. Parfois, au démarrage, il est nécessaire de bloquer la nourrice aux cornadis pour faciliter l’accès des veaux.
La conduite peut se faire en bâtiment ou à l’herbe. Dans les deux cas de figure, il faudra rester vigilant pour garder le contact Homme-veau :
- Choisir un box ou une parcelle proche d’un lieu de passage
- Etre présent dans le troupeau et approcher les veaux quotidiennement
Une autre option pour faciliter le lien avec l’éleveur est d’augmenter le nombre de veaux par nourrices. Puis d’installer un milk-bar à tétine approvisionné une à deux fois par jour pour apporter la part de lait manquante.
A l’herbe, la gestion des parasites au pâturage est facilitée. Les veaux se contaminent progressivement en augmentant la part d’herbe pâturée tout en continuant à boire du lait. Ceci leur permet de s’immuniser contre les parasites. Ainsi, il n’est pas nécessaire de vermifuger systématiquement.
Pour le sevrage, les pratiques sont variables : certains vont au-delà des 3 mois réglementaires (jusqu’à 10-12 mois) pour favoriser la croissance et permettre aux veaux de s’immuniser contre les parasites.
Les éleveurs qui ont testé ces méthodes sont pour l’instant enthousiastes. Ils respectent le cahier des charges de l’AB, ont des génisses en pleine forme, bien charpentées, épargnent à certaines vaches une réforme anticipée et économisent sur la consommation de concentrés. 100 % gagnant !!
Des élevages bio haut-normands ont mis en œuvre ces différentes pratiques. N’hésitez pas à nous contacter pour aller visiter ces élevages.
Sources : Faciliter l’élevage des génisses (Terra, Octobre 2013), Des nourrices pour alimenter les veaux (Biobrèves, Septembre 2012), Des veaux laitiers élevés sous la mère ou par des nourrices (Symbiose, Novembre 2013)
Comprendre son sol sous la prairie
Focalisé sur ce qui se passe au-dessus des prairies, on a parfois tendance à oublier le sol qui est aussi important pour faire pousser de l’herbe que pour faire pousser des cultures. Mais un bon entretien nécessite au préalable une compréhension de son fonctionnement.
♦ Fonctionnement d’un sol brun A l’image des organismes vivants, un sol traverse trois phases au cours de sa vie : 1-Formation : le sol se construit peu à peu à partir de l’altération de la roche-mère et de la décomposition de matière organique en surface 2-Sol brun : Forme classique des sols dans nos régions tempérées 3-Dégradation : Le sol s’appauvrit à cause d’une dégradation de sa structure, d’une acidification ou du lessivage des éléments minéraux Pour mener une activité agricole à long terme, l’enjeu est de réussir à maintenir le plus longtemps possible la phase de sol brun.
♦ Le complexe argilo-humique Le sol brun est caractérisé par la présence d’un complexe argilo-humique. Cette structure composée d’argile et d’humus permet la fixation des éléments minéraux dont certains assurent la cohérence de l’ensemble (fer, calcium et magnésium). Le complexe argilo-humique joue un rôle essentiel dans le fonctionnement du sol pour deux raisons : - L’humus permet de stabiliser le pH. Il provient de la transformation de la matière organique morte, c’est l’humification - L’utilisation de l’humus par les micro-organismes du sol permet la libération d’éléments nutritifs utilisables par la plante, c’est la minéralisation
♦ La minéralisation dépend de la structure du sol Une minéralisation optimale nécessite trois facteurs : - De la chaleur : l’activité microbienne commence à 8-10°C - De l’aération : sol relativement poreux - De l’humidité : circulation de l’eau Ces trois facteurs dépendent directement de la structure du sol, c’est donc elle qui va conditionner la fertilité du sol.
♦ Influence des pratiques agricoles Certaines pratiques vont avoir un effet stabilisant (par l’apport d’humus) sur le sol alors que d’autres vont avoir un rôle minéralisant (stimulation de l’activité microbienne). Les pratiques minéralisantes conduisent à une consommation d’humus, ce sont donc bien souvent des pratiques acidifiantes.
Pratiques humifiantes/stabilisantes
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Pratiques minéralisantes/stimulantes
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Prairie TCS Compost BRF Paillage Couverts végétaux stade floraison (sarrazin, crucifères…) …
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Travail du sol (aération et réchauffement du sol) Fumier « frais » Lisier/purin Engrais ammoniacaux Tunnel Irrigation Paillage plastique Apports calciques* Couverts végétaux avant floraison …
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*L’entretien calcique (sous réserve qu’il ne soit pas réalisé avec de la chaux qui est plutôt un désinfectant) a une action bénéfique sur l’activité microbienne du sol. C’est la seule technique qui soit minéralisante sans être acidifiante.
♦ Caractériser son sol pour mieux le fertiliser
Réserve en calcium par un test à l’acide (acide sulfurique à 27 %)
Le calcium présent dans le sol permet de tamponner l’acidité du sol et sa présence dépend de la dégradation et de la nature de la roche-mère.
Pour évaluer le taux de calcaire dans le sol, prélevez une poignée de terre, versez un peu d’acide et observez la réaction.
Effet de l’acide
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Taux de calcaire
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Possibilité de blocage des minéraux par le calcaire
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Mousse instantanément
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> 5 %
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↑
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Mousse progressive
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2 - 5 %
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↑
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Pétillement audible sans bulle visible
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0 - 2 %
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↑
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Rien
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0 %
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↑
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Si le taux de calcaire est faible, il faut envisager un amendement calcique.
Le taux d’argile du sol
Le taux d’argile dans le sol fixe sa capacité de fertilisation (CF), c’est-à-dire la quantité d’éléments qui peuvent être stockés dans le complexe argilo-humique. Pour l’évaluer, il suffit de faire un boudin de terre et de regarder ce qu’il se passe quand on le plie :
- Si on peut faire un boudin mais pas le plier : ~ 10 % d’argile
- Si on peut faire un croissant : 15 % d’argile
- Si on peut faire un cercle : 20 % d’argile
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Argile < 10 %
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Argile < 15 %
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Argile > 20 %
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Sol peu profond < 50 cm d'enracinement potentiel
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CF faible
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CF faible
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CF moyen
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Sol moyennement profond 50 à 70 cm d'enracinement potentiel
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CF faible
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CF moyen
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Variable selon la qualité des argiles
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Sol profond > 70 cm
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CF moyen
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Variable selon la qualité des argiles
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Elevé
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Cet élément est important pour raisonner ses apports calciques et organiques. Il est inutile de faire un apport plus grand que ce que le sol peut fixer, cela ne fera qu’entraîner un gaspillage.
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Cf faible
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CF moyen
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CF élevé
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Apports calciques action lente
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2500 kg/ha
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2500 à 3000 kg
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4000 à 5000 kg
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Apports calciques action rapide
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300 à 500
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600 à 900
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800 à 1200
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Apports organiques fumier
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15 à 20 t/ha
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30 à 50 t/ha
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50 à 70 t/ha
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Apports organiques compost mûr
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10 t/ha
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15 à 25 t/ha
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25 à 35 t/ha
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Apports calciques à action lente : calcaire broyé, marnes… Apports calciques à action rapide : chaux…
Trucs et astuces
La veilleuse des vaches La nuit, vous avez l'habitude de laisser la lumière allumée pour votre troupeau en bâtiment ? Alors, cette astuce devrait vous permettre d'économiser de l'énergie : remplacer les néons par un spot de lumière rouge. C'est ce que Daniel a fait : il a remplacé 12 néons à 18W par un spot rouge de 30 WRVB à 70 euros pour éclairer 320 m². Avec ce système, on effectue une économie de plus de 400 kWh par an (40 euros/an) sans compter l'économie sur le renouvellement des néons. Il n'a pas observé de changement au niveau des vaches !
Agenda
11 mars. Journée de perfectionnement « Méthode Obsalim » avec le groupe Herbe « Pays de Bray » (Contact : Bertrand)
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