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Le Réseau des CIVAM normands, travaille depuis plusieurs années avec un groupe d'agriculteurs sur une refonte du système de production basée sur la réduction voire la suppression de l'utilisation des produits phytosanitaire. Le premier pas pour aller vers cet objectif est déjà de comprendre son matériel et les produits utilisés. Retour sur une journée de formation riche en enseignement.

Comme chaque année, les douceurs du mois de mars marquent la fin des cultures intermédiaires, la reprise de la végétation des cultures d’hiver et la venue des cultures du printemps. C’est le moment pour les pulvérisateurs, rangés au hangar tout l’hiver, de reprendre du service : premières interventions phytosanitaires de l’année, apports d’azote liquide, d’oligo-éléments ou de préparations naturelles... Cependant, l’efficacité de cet outil dépend d’un grand nombre de facteurs comme les conditions d’intervention, type de buse, qualité de l’eau, choix de l’adjuvant, etc.
La connaissance approfondie de son matériel de ses leviers et de ses limites est une clé dans la stratégie de réduction des intrants par efficience, autrement dit, le bas volume. C’est pourquoi, le Réseau des CIVAM Normands a sollicité Benoît Bon, expert dans cette thématique, lors d’une formation qui a réuni une dizaine d’agriculteurs mi-mars.

Connaître tous les facteurs qui influencent le traitement pour prendre la bonne décision

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Première réflexion : sur quelle plante intervient-on ? Car oui, une goutte d’eau ne s’étale pas autant sur un chiendent que sur un gaillet : c’est la mouillabilité des plantes. Dès lors on comprend l’intérêt d’associer certains adjuvants mouillants selon la cible et donc d’observer son peuplement avant intervention.

Second facteur et pas des moindres : le climat. De la sortie de la buse jusqu’à la cible, le vent et la température viendront jouer les trouble-fête. Ils influencent le temps de vie de la gouttelette, d’où l’intérêt de maîtriser la granulométrie. Une fois sur la cible, ce sont les paramètres d’humidité du sol qui joueront sur la rétention et la pénétration du produit dans la plante.

Connaître son matériel et ses produits : la première clé dans la stratégie de réduction

Comment déjouer tous les pièges ? La réponse passe par le volume et la pression, donc le choix des buses. Benoît Bon a passé en revue celles étant les plus adaptées au bas volume. Il s’est ensuivi un échange sur le choix de l’angle de la buse qui conditionne le recouvrement et la hauteur de travail. L’équation devient complexe ! Image 1 : Différents types de buses

Quid des adjuvants, ces produits censés améliorer l’efficacité du produit principal ? Non seulement, certains ont un effet direct (émulgateur, pénétrant) mais d’autres peuvent aussi influer la forme et la durée de vie des gouttes (anti-dérive, humectants) ou le contact (mouillants, adhésifs). Face à tous ces paramètres, difficile de faire un choix simple et unique. Benoît a donc apporté des pistes de choix en présentant des résultats issus d’expérimentations indépendantes.
Enfin, un facteur qu’on soupçonne moins : l’eau utilisée pour la bouillie. Les eaux dures contiennent entre autres du calcium qui agit sur certains herbicides comme le glyphosate en l’absorbant, diminuant au passage son efficacité. Quand on connait la dureté des eaux normandes, on comprend l’intérêt de baisser ce paramètre pour en faire de même avec la dose de glyphosate !

 

 

En bref, une journée dense en informations qui a apporté des solutions simples à mettre en place dans une stratégie d’efficience. Il suffit d’adapter ces acquis aux particularités de son système et d’avoir une approche différente de la pulvérisation avec des passages raisonnés et adaptés. Un retour en fin de campagne sera pertinent pour vérifier les acquis et poursuivre la réflexion en abordant l’efficacité des matières actives.