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Depuis 2017, le Réseau des CIVAM normands contribue au projet de recherche CASDAR Herbvalo conduit en partenariat avec l’INRAE, l’IDELE et les Chambres d’Agriculture de Bretagne et de Pays de Loire.

L’étude répondait à 3 objectifs :

  • établir une méthode pour calculer précisément la quantité d'herbe valorisée par les ruminants au pâturage à l'échelle des parcelles
  • obtenir des références nationales sur la quantité d’herbe valorisée par les animaux au pâturage dans les fermes
  • améliorer les connaissances sur la gestion des prairies en fonction des résultats obtenus afin d'identifier des "bonnes pratiques".

Une méthode de calcul de valorisation d’herbe pâturée plus fiable et précise

En France, la part d’herbe pâturée moyenne dans la ration annuelle en élevage bovin n’est que de 38%. Pourtant, elle pourrait facilement atteindre 50 à 70% pour les systèmes en tout herbe. L’herbe est la base des systèmes économes et autonomes à bas intrants. Ils sont plus stables économiquement car moins soumis aux variations de prix des aliments et ainsi plus rentables. On comprend donc l’importance de mesurer précisément la valorisation réelle du pâturage.

Cependant, jusqu’à présent seules des méthodes de calcul complexes et peu fiables étaient disponibles. Une méthode simple et robuste fournirait une base de réflexion pour donner davantage confiance aux éleveurs dans ces pratiques.

Le projet HerbValo s’est donc concrétisé en 2 dispositifs : une méthode de calcul et une possibilité d'enregistrement de l'herbe valorisée annuellement. L’outil a été développé pour les éleveurs de vaches laitières, de vaches allaitantes et de chèvres laitières. Les données enregistrées concernent chaque cycle de pâturage.

 

ZOOM : Comment est obtenu le calcul de la valorisation de l’herbe pâturée sur une année

Le nombre de jours présents dans la parcelle, multiplié par l'ingestion moyenne du troupeau, estimée par un modèle simplifié des unités d'encombrement de l'INRA tout en prenant en compte les conditions de pâturage (libéral, équilibré, ou sévère) et la qualité de l'herbe (stade jeune végétatif, en montaison ou plus épiée).

La quantité d’herbe valorisée à l’échelle d’une parcelle sur une année est finalement obtenue en sommant les quantités d’herbe valorisées par les animaux à chaque cycle de pâturage et les rendements récoltés lors des fauches.

 

La méthode a fait ses preuves sur deux ans, dans plusieurs régions françaises

Pour acquérir des références interrégionales de valorisation de l’herbe, plus de 420 parcelles ont été suivies sur deux années (2018 et 2019) dans les régions de Bretagne, Pays de la Loire, Normandie, Grand-Est, Auvergne, Nouvelle Aquitaine et Bourgogne-Franche Comté et dans des exploitations de différents types d’élevage (bovin lait, bovin viande, caprin lait, ovin viande et équin). Cela a permis de tester la méthode de calcul de valorisation de l’herbe et d’obtenir des références interrégionales. Il était possible d’en ressortir des pratiques ou des conditions plus propices à une bonne productivité (en fonction de l’âge des prairies, ou du type de sol par exemple). L’étude a mis en exergue plusieurs résultats :

1. La variabilité inter-parcelles de la quantité d’herbe valorisée annuellement au sein d’une ferme est aussi ou plus importante que la variabilité inter-exploitations ou inter-régions. L’outil HerbValo permet donc de caractériser chaque parcelle et ainsi de mieux redéfinir le rôle et la place de chaque parcelle dans le système fourrager et le circuit de pâturage dans une ferme donnée sur quelques années.

2. Plus de 50 % de la quantité annuelle d’herbe est valorisée au printemps (avril à juin), quels que soient le type d’élevage et la région. Entre 15 et 30 % sont valorisés en été (juillet à septembre), et les quantités d’herbe valorisées en hiver et en automne sont assez faibles, avec des valeurs proches de 10% pour chaque saison.

Point technique : pistes pour améliorer la valorisation de l’herbe par le pâturage

  1. Grâce à la démocratisation de l’application web HerbValo, il sera à l’avenir possible d’estimer une courbe dynamique régionalisée de valorisation de l’herbe, ce qui aiguillera les éleveurs sur les tendances de pousse et ainsi leur gestion du pâturage.

    tableau herbvalo

Présentation des rendements annuels régionaux des différents types de prairies pâturées en fonction de leur gestion de fauche, de leur âge et du type de sol. Source : présentation d’Alexine Woiltock, INRAE.

2. Allonger la saison de pâturage en mettant les vaches à l’herbe dès que possible en sortie d’hiver et les rentrer le plus tard possible à l’automne, avec un temps de retour inférieur à un mois pourrait permettre de valoriser 1 t MS/ha/an de plus.

3. Accroître le temps de séjour par parcelle augmente la valorisation de l’herbe mais de multiples facteurs interfèrent indépendamment de la sévérité : la taille des parcelles, le niveau de complémentation, l’effectif du troupeau ou la biomasse présente. Toutes choses égales par ailleurs, l’effet strict du chargement ou de la pression de pâturage sur la quantité d’herbe valorisée à l’année est très fort dans toutes les études, quel que soit le climat ou le type d’élevage, et l’effet escompté serait semblable à ce qui existe dans la littérature : gain d’environ 300 kg MS/ha/cycle, soit jusqu’à 1,5 t MS/ha/an pour 5 passages dans l’année, entre un pâturage dit libéral et un pâturage dit sévère.

4. Effet positif mais faible au printemps de l’allongement de l’intervalle de retour :+0,1 t MS/ha/an pour une augmentation de 10 jours du temps de retour, mais effet négatif apparent lorsque l’on compare les pratiques entre élevages de VL et de VA à l’année. La littérature dit qu’il n’y a pas ou peu d’effet du temps de retour sur les performances animales entre des temps de retour de 10 à 40 jours. Mais les données acquises ne permettent pas de conclure sur ce point.

Répartition en pourcentage de la valorisation de l’herbe à l’échelle de la Normandie en fonction des saisons, en TMS/ha.

 

tableau herbvalo2

Source : présentation d’Alexine Woiltock, INRAE.