RCN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lise Gressent vient de s'installer en caprin en Seine-Maritime

« Tant pis on va se lancer comme ça [...]. Je n’avais pas de corps de ferme, pas de terre, je n’avais rien… »

Lise Gressent était au lycée agricole d’Yvetot en BTSA ACSE lorsque son voisin lui informe que sa sœur souhaitait arrêter son activité caprine. Elle a sauté sur l'occasion pour démarrer son entreprise !

Comment s’est déroulée ton installation ?

J’étais au lycée agricole d’Yvetot en BTSA ACSE. Un jour, mon voisin me parle de sa sœur qui souhaite arrêter son activité caprine. J’avais dans l’idée de m’installer mais auparavant je voulais faire un certificat de spécialisation en caprin. Cette même année (2017), en mai, elle m’annonce qu’elle veut arrêter à la fin de l’année. Donc tout compte fait, j’arrête l’école en juin : tant pis on va se lancer comme ça, sans connaissance en caprin. Je n’avais pas de corps de ferme, pas de terre, je n’avais rien…

Pour les terres, ma grand-mère avait 6 hectares : 1 ha que j’utilisais pour les 3 génisses que j’avais et 5 ha qui étaient loués par mes cousins. Ils me les ont laissés. J’ai donc récupéré 6 ha en location. En décembre 2017, J’ai acheté un corps de ferme sur 1 hectare de terrain. Le 1er février 2018, les chèvres sont arrivées. Il n’y avait rien, aucune installation pour les chèvres. Il a fallu tout aménager et les travaux ont duré jusqu’à décembre 2019. Les mises-bas ont commencé 2 jours après l’arrivée des chèvres et la traite dans la foulée. J’ai emprunté le minimum pour m’installer : 35 000 euros pour la fromagerie et avoir un fond de roulement. J’ai repris le troupeau et tout le matériel de ma cédante à moitié prix du neuf : matériel de fromagerie, grilles, moules… pour 12000 à 13000 euros avec lesquels venaient les marchés et le savoir-faire. L’avantage d’avoir peu emprunté c’est que financièrement je n’ai pas de pression : pas de prêt trop important et pas d’enfant.

Pour quelles raisons voulais-tu t’installer sur une ferme ?

Je n’avais pas envie d’avoir un patron. Je voulais travailler avec les animaux et à la maison... Ça restreint les choix de travail. Et dans la famille on avait un peu de terre, c’était une opportunité.
On ne m’aurait pas proposé de chèvres, je ne serais peut-être pas installée en caprin. En 2015, j’avais acheté 3 petites génisses de 15 jours que j’avais élevées au biberon. L’idée était de m’entraîner à transformer le lait pour faire du beurre, de la crème... Et de valoriser le produit.
Mais finalement, ce n’est pas plus mal les chèvres. Je préfère niveau contention, niveau matériel et niveaux prix. Et puis, une vache, c’est gros par rapport au petit gabarit que je suis. Je suis très contente des chèvres. Et l’avantage en récupérant ce troupeau, je récupérais le marché et la clientèle.

Quelles difficultés as-tu rencontrées ? Si c’était à refaire, que ferais-tu différemment ?

Je regrette un peu que ça se soit passé un peu vite. Comme le budget n’était pas extensible, mon père a dû faire les travaux en un temps très court et cela n’a pas toujours été simple. Mais en même temps c’était le bon moment, je n’avais pas beaucoup de frais, je vivais chez mon père et je n’avais pas d’enfant. J’aurais juste aimé apprendre un peu plus dans le bassin de la chèvre avant de m’installer.

Quelles satisfactions aujourd’hui ?

Je suis contente que ces deux premières années soient derrière moi, c’est beaucoup plus facile aujourd’hui. J’ai des obligations mais si je veux prendre 1 heure, je peux prendre 1 heure. Je suis satisfaite de mon année 2020, ça s’est très bien passé au niveau de l’élevage notamment grâce aux vétérinaires (clinique Seren Vet). J’ai progressé dans l’alimentation du troupeau grâce au Réseau des CIVAM normands. J’ai trouvé les partenaires qu’il me fallait pour avancer correctement.