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L’utilisation des arbres comme fourrage prend son intérêt en solution d’urgence lors de sécheresses, quand l’herbe ne pousse plus ou que les stocks fourragers viennent à manquer.

L’objectif est de maintenir l’autonomie alimentaire de son troupeau malgré l’absence de fourrages « classiques » disponibles et d'éviter l'achat des fourrages. Cela permet également de compléter la ration du troupeau avec des aliments riches en tanins, minéraux et en protéines.

DESCRIPTION - MISE EN ŒUVRE

L’affouragement ligneux consiste à faire consommer des feuilles d’arbres et arbustes par les troupeaux d'herbivores. Bovins, ovins, caprins et équidés peuvent les consommer dans des proportions allant de 5 à 100% de leur ration annuelle (cf chiffres image 2). Cette technique a l'avantage d'être une ressource directement disponible puisqu'elle utilise des parcelles de pâturage souvent bordées de haies et/ou de hauts jets. L’affouragement peut se faire en vert via le pâturage direct des animaux dans les haies en extra ou intra-parcellaire à différentes proportions ; via la rame au sol (taille de branches tous les 1 à 3 ans selon la sévérité) ou via la cépée : coupe des arbustes à la base (1 coupe tous les 10 ans). Le fagotage est une autre technique comparable au foin qui permet de conserver les branches coupées l’été pour être distribuées l’hiver en sec pour compléter la ration en éléments minéraux et tanins mais elle est plus marginale.

RÉSULTATS

L’affouragement ligneux en vert ou en sec est une technique utilisée depuis l’origine de l’élevage. Elle a été marginalisée en raison de sa faible praticité comparée aux moyens actuels (manutention et travail physique des coupes) et de sa faible productivité à l’hectare lorsqu’il ne s’agit que de l’extra-parcellaire. En intra-parcellaire total ou partiel, le rendement varie de 0,164 à 1,19 kg MS/pied (rendement de 4,1 TMS/ha pour 25 000 pieds/ha de murier blanc VS 100 kg/ha pour 84 pieds/ha de vigne fourragère mais rendement d’herbe en plus). Les arbres et arbustes présentent pourtant des valeurs nutritionnelles très intéressantes. L’INRAE de Lusignan a montré que certaines espèces comme le frêne et le murier blanc ont une digestibilité et MAT supérieures à celle du ray gras et de la luzerne (cf image 1 p2). D’autres espèces sont comparables comme le noyer, le châtaigner, le tilleul, la vigne et l'aulne blanc. Enfin, les espèces comme le merisier, l'érables, l'ormes, le noisetier et le chêne vert sont également consommables et appétantes mais présentent des valeurs nutritionnelles moins élevées. Autre intérêt les tanins, avec leur effet «by-pass», augmentent l’absorption des protéines dans l’intestin et la teneur élevée en minéraux. Enfin, en plus de nourrir les animaux, les haies proposent d'autres bénéfices en parallèle : de l'ombre pour les troupeaux, un abri pour la biodiversité, des copeaux pour le bois énergie ou la litière, des passages pour l'infiltration de l’eau, du stockage carbone...

REPRODUCTIBILITÉ

La distribution de fourrages ligneux est facile à mettre en œuvre tant qu’il y a des ressources bocagères et haies autour des parcelles. Dans un souci d’économie de carburant et de temps, il est préférable que le troupeau puisse pâturer directement les haies ou ce qui vient d’être coupé, sans avoir à ramener des branches à l’auge (pratique gourmande en manutention). Dans le cas du pâturage directement sur les haies, il est préférable de laisser un accès limité et de les protéger car une pression de pâturage trop forte pourrait endommager voire détruire la haie. Concernant les outils de taille, une simple scie d’élagage télescopique suffit pour les branches de 5 à 8 cm de diamètre. Au-delà, la tronçonneuse est plus adaptée, idem pour la cépée. Des essais concluants d’ensilage de certaines essences sont en cours, mais cela ne répond pas à la notion d’urgence face à la sécheresse, ce qui nous intéresse ici dans cette pratique.

Vigilance : pour rappel, conformément à l’arrêté relatif aux règles de bonnes conditions agricoles et environnementales en vigueur depuis 2015, la taille des haies est interdite du 1er avril au 31 juillet, afin de respecter les périodes de nidification des oiseaux. Ainsi, en cas de sécheresse avant le 31 juillet, il est préférable que les animaux pâturent directement dans les haies. Les pratiques de taille telles que la cépée, la rame au sol et le fagotage seront réalisée à partir du 1er août. 

 

    schema chevrette

Image 1 : valeurs alimentaires des arbres fourragers (Source : Agroof - Emile et al. 2017)

 

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Image 2 : part de pâturage ligneux dans la ration. Source : M. Meurel, C. Agreil. INRAE 2006 et 2018.

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Image 3 : taille puis distribution du fourrage en rame au sol.
Source : L. Gilles, GAEC La Mazure, 2020.
Image 4 : cépée puis pâturage des frênes en rame au sol.
Source : S. Bourlier, GAEC les hauts d'Escures, 2020

 

En savoir plus :

Cécile Gaumetou – Animatrice technique
02 31 68 80 58