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La monotraite, c’est le fait de traire une seule fois par jour au lieu de deux. Derrière cette définition, il y a des pratiques très variées : passer son troupeau en monotraite ponctuellement ou de manière pérenne, sur toute ou partie de la lactation, faire de la monotraite une semaine en cas de besoin ou encore sauter la traite du dimanche soir. A chacun de trouver la pratique adaptée à ses besoins et à son troupeau !

 La qualité de vie au travail est un objectif phare de cette pratique : réduction de l’astreinte, souplesse d’organisation (pour s’adapter à des pics de travail, imprévus ou besoin de temps libre à une période donnée) et diminution des contraintes physiques .

Selon les besoins et les systèmes des éleveurs, le choix de la monotraite peut être fait également pour répondre à d’autres objectifs techniques ou économiques : gestion de la fertilité (la monotraite en début de lactation écrête le pic et assure de meilleurs résultats de reproduction) ou encore réduction des besoins alimentaires des vaches (meilleur état avec une alimentation économe, adaptation aux périodes de sécheresse estivale pour économiser les stocks), etc…

 

Comment passer en monotraite ?

La monotraite est une pratique souple qui ne nécessite ni préparation, ni investissement. Le jour souhaité par l’éleveur ou l’éleveuse, une traite est supprimée ! Il est recommandé de ne pas aller voir les vaches le soir les premiers jours mais elles s’adaptent très vite, entre 2 et 3 jours suffisent généralement pour qu’elles arrêtent d’appeler. C’est également une pratique réversible du jour au lendemain, ce qui apporte une sécurité pour se lancer. Sur une période courte (quelques jours à quelques semaines), la monotraite n’aura pas de conséquence sur la production lors du retour à 2 traites mais au-delà de quelques semaines, il y aura un effet et la production ne reviendra pas à son niveau initiale (cf ci-dessous).

Cette technique peut s’adapter à toutes races, tous niveaux de production, quel que soit l’élevage.

 

A quoi faut-il s’attendre lors du passage en monotraite ?

D’une manière générale, voici les principaux résultats observés lors d’un passage en monotraite :

  • Baisse du volume : 25 à 30 % - Augmentation des taux de matière grasse et de matière protéique
  • Diminution de l’ingestion des vaches : 5 à 10%
  • Une alimentation moins exigeante - Moins de variation d’état - Meilleure fertilité
  • Une augmentation fréquente des comptages cellulaires dans le mois suivant la mise en place

Des essais ont été menés afin de préciser l’influence de certaines pratiques, voici les principaux résultats :

  • Monotraite du dimanche soir : -5% de production sur l’année, rebond de la production de lendemain, augmentation des cellules les deux jours suivants - Station de Derval, essai 2001/02
  • Monotraite sur une semaine : -25% de production et +4,9 pour le TB sur la semaine, pas de conséquence significative lors du retour à 2 traites (retour au niveau initial) – INRA Mont Dore, 2003
  • Monotraite de 3 ou 6 semaines en début de lactation : effet durable sur la production : -20% de matières utiles sur la période de monotraite et -8% ensuite (lors du retour à la normale) – DairyNZ’s Lye Farm, 2009/10
  • Monotraite sur toute la lactation : 24% de lait en moins, TB +2, TP +2,4, moins de perte d’état et carcasses plus lourdes, mieux valorisées, meilleur taux de fécondation sur 3 mois et diminution de l’intervalle vêlage-IA fécondante – Essai Trévarez, 2003/2006

Plus d’infos : webinaire « La monotraite: une solution comme les autres! » - Chambre d’Agriculture de Bretagne

 

Prêt à tester ? Quelques points de vigilance

traite vache pixabay ehreckeAu niveau économique : il est important d’évaluer les conséquences économiques de la monotraite afin d’anticiper la diminution de la production. Elles sont à estimer en fonction du système de départ et des objectifs de l’éleveur : à quelle période de l’année et sur quelle durée ? Avec augmentation des effectifs ou à troupeau constant ? Il faut prévoir une augmentation du prix du lait selon les taux ainsi qu’une baisse de production par vache qui sera fonction de la durée et de la production initiale.

Au niveau technique :

  • Situation cellulaire de départ saine et à surveiller : l’augmentation des cellules est fréquente le premier mois. Augmentation d’autant plus importante que la situation de départ est élevée, et si elle est cumulée avec d’autres facteurs de risques. Vigilance sur les risques de mammites.
  • Attention aux pertes de lait: en début de lactation, dans les 6 heures précédant la traite. Le sphincter du trayon peut être un peu ouvert. Favoriser l’extérieur, propreté de la litière.
  • Etat d’engraissement des bêtes : à surveiller, notamment en fin de lactation. Pratique bien adaptée à une ration économe privilégiant le pâturage, avec pas ou peu de concentré.
  • Sélectionner les animaux les plus adaptés : possible avec toutes les races. L’essai Inra Marcenat de 2002 a montré une baisse plus marquée pour les Prim’Holstein (-23%), que les Montbéliardes (-15%), mais il existe également une forte variabilité individuelle. Sélectionner les vaches les plus productives en monotraite, vigilance sur l’index cellules.