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les CIVAM alertent sur les responsabilités du modèle agro-industriel et enjoignent à garder le cap de la transition agroécologique.

Dans le contexte actuel de revendications agricoles, le Réseau des CIVAM normands a souhaité porter la voix du Réseau national, dont voici le communiqué....

Face à la mobilisation du monde agricole sur l’ensemble du territoire, les agricultrices et agriculteurs membres du réseau des Civam pointent les responsabilités du modèle agro-industriel dans le mal être paysan et alertent sur le risque de faire des normes environnementales un bouc émissaire.

Les paysans et paysannes des Civam (Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural) partagent le constat d’impatience et de mécontentement qui enfle dans les campagnes. Les difficultés pour le monde agricole sont une réalité : il est urgent de revaloriser le revenu des agriculteurs·trices qui doivent pouvoir vivre de leur métier.

« Il y a un ras le bol et une fatigue générale qui est palpable dans tous les milieux agricoles.» Inès de Rancourt, éleveuse de chèvres dans la Drôme

L’inquiétude monte également dans les Civam face aux récupérations politiques et agro-industrielles d’une mobilisation et d’un mal-être paysan profond. Le risque : un nivellement par le bas des ambitions environnementales et des pratiques agricoles durables.

Garder le cap nécessaire de la transition agroécologique

Les paysans et paysannes des Civam regrettent ainsi certains discours qui profitent de la situation pour rejeter la faute sur les normes environnementales. Ces mesures sont là pour assurer la pérennité des systèmes agricoles et alimentaires sur le long terme et donc garantir notre souveraineté alimentaire. Elles permettent de préserver la santé des agriculteurs, des citoyens et de l’environnement. Les Civam alertent sur la nécessité :

  • de l’action immédiate et impérative face au changement climatique et au déclin de la biodiversité,
  • de l’accompagnement des fermes et des paysans dans la transition agroécologique,
  • d’installer massivement de nouveaux.elles paysan.nes. 

La solution : La promotion et l’accompagnement d’une agriculture autonome (sobre en intrants), économe (affranchie du surendettement), redonnant une place prépondérante à l’arbre, aux systèmes herbagers et à la biodiversité, recréant du lien entre éleveurs et producteurs de cultures (céréaliers, maraîchers, viticulteurs), préservant les ressources (dont les sols et la qualité de l’eau) et soucieuse du bien-être des paysans dans leur travail, pour des réponses globales et de long termes. Cette agriculture ne se décrète pas : pour émerger et se diffuser, elle doit être accompagnée et soutenue par les pouvoirs publics. 

« Les politiques publiques nationales et européennes doivent garantir un revenu digne aux paysans et paysannes, sans distinction, en encourageant le développement de l’agro-écologie qui permet de nourrir de manière durable.» Nicolas Verzotti, Maraîcher dans le Vaucluse et vice président de Réseau Civam

Cesser de promouvoir les politiques libérales et le modèle agro-industriel  

Les paysans et paysannes Civam appellent ainsi à “ne pas se tromper de cible” : c’est bien selon eux l’agro-industrie et la dynamique productiviste qui sont la source du mal-être paysan et de la désertification des campagnes. En poussant à l’agrandissement des fermes, à la standardisation des pratiques et à la course aux volumes, ce modèle est délétère pour l’environnement et l’autonomie décisionnelle des paysans. Un système agricole ultra-libéral, dominé par les filières intégrées et les intermédiaires agro-industriels, fait de notre alimentation, non pas un droit mais une simple marchandise à mettre en concurrence. 

Les fermes Civam engagées depuis plus de 60 ans pour défendre des modèles agricole durables

Le réseau des Civam pratique et défend des solutions concrètes depuis longtemps : polyculture-élevage, autonomie, économie, circuits courts… Avec près de 10 000 fermes sur le territoire, les paysans et les paysannes Civam prouvent que l’agriculture durable peut leur permettre de vivre de leur métier et d’avoir des pratiques respectueuses de l’environnement. Par exemple, les fermes laitières engagées en agriculture durable génèrent autant, si ce n’est plus, de revenu que leurs voisines en agriculture conventionnelle. (cf observatoire technico-économique 2023) et sont plus autonomes financièrement.

“ Dans les Civam, on a mis des choses en place, on travaille sur l’autonomie et la réduction des charges (moins d’énergies fossiles, moins de produits phytos) en adéquation avec l’environnement et la préservation des ressources naturelles…mais ça  ne suffit pas, il faut agir sur les prix et là ce sont les pouvoirs publics qui ont la main !”
Antoine Delahais, éleveur laitier en Normandie, trésorier de Réseau CIVAM

Alors que se négocient le Pacte et la Loi d’Orientation et d’Avenir Agricoles (PLOAA), le réseau des Civam s’inscrit dans une démarche participative pour faire des propositions solides, éclairées par son expertise de terrain. Il rappelle la nécessité de politiques publiques fortes pour assurer des prix rémunérateurs et soutenir celles et ceux qui s’engagent dans la transition agroécologique.

Télécharger le communiqué en pdf

Pour aller plus loin dans la documentation du Réseau national :