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Crédit photo : © CIVAM

De nombreuses raisons poussent les éleveurs et les éleveuses à avoir recours à un robot de traite : le manque de main d’œuvre et les astreintes associées, la pénibilité du travail ou encore la volonté de moderniser son outil de travail pour transmettre un outil plus attractif et apportant davantage de confort de travail. Ainsi en 2018, 50% des nouvelles installations de traite en France étaient des robots de traite et ce chiffre grimpe à 80% en Normandie sur le début des années 2020.

Cependant, dans un système avec traite robotisée (quand les vaches utilisent le robot de traite en autonomie et reviennent de façon individuelle), l’accessibilité permanente du troupeau laitier au robot constitue le frein principal au maintien du pâturage. C’est à l’origine de la baisse voire de la suppression du pâturage, en lien avec la crainte d’une moindre fréquentation du robot de traite et d’une moindre productivité par vache qui impacterait la performance économique. D’autres freins sont évoqués comme le manque de prairies accessibles autour des bâtiments, le niveau de production laitière incompatible avec le pâturage, la charge de travail supplémentaire dans un contexte où le robot de traite a été installé pour la diminuer ou encore la nécessité d’adapter plus fréquemment la ration en fonction de la qualité de l’herbe ingérée. Ainsi dans les années 2010, seuls 50% des élevages français avec robot de traite pratiquaient encore le pâturage.

Or, le maintien du pâturage avec robot de traites comporte de nombreux avantages, à commencer par un coût alimentaire plus faible, en moyenne divisé par deux par rapport aux systèmes ayant arrêté le pâturage. Mais ce n’est pas le seul : un revenu par UTH (unité de travail humain) supérieur, une moindre contrainte liée à la distribution de l’aliment, une meilleure santé des animaux et un impact environnemental moindre sont d’autres avantages associés au maintien du pâturage qui ont été identifiés.

Dans ces circonstances, comment est-il possible de maintenir du pâturage avec une traite robotisée ? Et quelles performances peut-on en attendre ?

Planifier son pâturage

Plusieurs points communs dans la gestion du pâturage ont été identifiés dans les élevages ayant maintenu du pâturage avec robot de traite :

  • Le premier consiste à mettre à disposition deux paddocks par jour, chacun dimensionné pour 12 heures de pâturage, de façon à inciter les animaux à revenir d’eux-mêmes au robot afin d’avoir accès à la seconde parcelle où de l’herbe « nouvelle » les attend. Cela se traduit souvent par des blocs de paddocks de jour et de paddocks de nuit. Des barrières en sortie de bâtiment peuvent alors orienter vers le paddock de jour ou de nuit aux horaires souhaités. Il est également possible d’avoir des paddocks dimensionnés pour plusieurs jours. Dans ce cas-là, il pourra être nécessaire de redécouper les paddocks à l’aide d’un fil avant voire d’un fil arrière pour les calibrer pour 12 heures.
  • Les aménagements du parcellaire (chemins, abreuvoirs, clôtures) constituent un deuxième point commun. De bons chemins facilitent le retour des vaches au robot, évitent les boiteries et accroissent l’amplitude annuelle de pâturage. Quant aux abreuvoirs sur les paddocks, ils sont indispensables pour que les vaches aient un accès permanent à l’eau et pour éviter qu’elles ne reviennent trop rapidement au bâtiment. Il est possible d’installer un abreuvoir pour deux paddocks voire un abreuvoir par paddock.
  • Une bonne gestion de l’herbe représente également un levier pour faciliter le maintien du pâturage. En effet, donner accès à une prairie au bon stade de pâturage facilite le pâturage des animaux, avec une herbe appétente en plus d’avoir une meilleure valeur alimentaire.
  • La localisation du robot de traite et le circuit d’accès au pâturage depuis le bâtiment sont importants à anticiper pour éviter que les animaux ne stagnent au bâtiment. Ainsi un accès direct aux prairies depuis le robot sans passage par le bâtiment peut être un facteur favorisant le pâturage des vaches. Cependant, même sans accès direct, un système de barrière en sortie de bâtiment donnant accès aux prairies si la vache a bien été traite ou renvoyant vers le bâtiment permet de bien s’en sortir.

NB : Contrairement aux idées reçues, la distance à parcourir jusqu’aux paddocks constitue très peu un frein. Dans certains élevages, les vaches peuvent parcourir jusqu’à 1km pour pâturer, ce qui ne les empêche pas de revenir au robot de traite facilement sans réduire la fréquentation.

PB39 Robot de traite

Exemple :

  • 85 VL – 2 robots
  • 30 paddocks de 0,6 à 0,8 ha
  • Temps de présence de 12 heures maximum par paddock
  • Pâturage toute l’année avec au maximum 20 jours / an en 100% bâtiment
  • Chemins en béton pour faciliter l’accès aux paddocks et apports réguliers de copeaux de bois pour les chemins non bétonnés
  • Distance maximale à parcourir pour les vaches : 900 mètres
  • Abreuvoirs communs pour 2 paddocks
  • Clôtures fixes avec piquets en bois

Quels résultats techniques peut-on attendre avec le maintien du pâturage ?

Production laitière

  • 6000-6500l/VL pour une ration où l’herbe représente 90 à 95% des fourrages ingérés avec 300 à 500 kg de concentrés de production par animal et par an et un peu de correcteurs azotés (0,5 à 1kg par animal et par jour) distribués en ration hivernale.
  • 8000-8500 l/VL pour une ration où l’herbe représente 30 à 40% des fourrages ingérés.

Une bonne maîtrise du pâturage est nécessaire pour éviter que les animaux ne restent en bâtiment et ne mangent davantage de fourrages conservés et de concentrés. Malgré cela, une augmentation de la quantité de concentrés distribuée est souvent observée avec le passage en robot de traite, notamment pour faciliter le retour des animaux au robot.

Fréquentation du robot de traite

  • Autour de 2,2 traites / VL / jour avec 1 robot presque saturé (environ 65 VL / robot)
  • Autour de 2,7 traites / VL / jour avec 2 robots pas saturés (environ 35 VL/robot)

Critères de sélection des vaches

Les aplombs et la mobilité des animaux constituent deux critères importants associés notamment au maintien du pâturage. La capacité à passer au robot de traite est un nouveau critère de sélection avec une attention particulière portée à la conformation des mamelles pour une bonne détection par le robot. Ainsi des trayons serrés à l’arrière ou une mamelle plus développée à l’avant qu’à l’arrière ne sont pas très adaptés.

Quels avantages et inconvénients fréquemment cités concernant le robot de traite ?

  • Inconvénients du robot de traite
    • La nécessité d’avoir toujours quelqu’un prêt à intervenir en cas de panne ;
    • Le manque d’autonomie dans les réparations du robot de traite et le coût de la maintenance : environ 8 000 €/an soit 650 €/mois, le forfait étant dimensionné en fonction de la quantité de lait produite ;
    • Les transitions peuvent être un peu plus longues et délicates à gérer, notamment au démarrage ou à l’arrêt du pâturage ;
    • La nécessité, si le pâturage n’a pas été organisé en amont, d’aller chercher les vaches au pâturage.Inconvénients du robot de traite.

  • Avantages du robot de traite
    • La moindre pénibilité du travail avec un travail plus facile et moins physique ;
    • L’absence des astreintes de traite permettant une plus grande flexibilité sur les horaires ;
    • Un suivi plus approfondi des vaches (production laitière, rumination, ingestion) ;
    • Une meilleure valorisation des concentrés car la quantité est mieux adaptée aux besoins ;
    • Une meilleure détection des chaleurs avec l’utilisation du collier.

Quelles conséquences sur le temps de travail ?

En moyenne, le temps de travail lié à la traite, au passage des vaches au broc, à l’alimentation des veaux est divisé par deux en incluant le temps nécessaire à faire passer les vaches qui ne passent pas au robot et le temps sur le logiciel du robot de traite. Il faut cependant prendre en compte le temps nécessaire à la gestion des pannes du robot.

Temps de travail associé au maintien du pâturage

Le maintien du pâturage implique de déplacer les clôtures deux fois par jour et éventuellement d’aller chercher les vaches dans les prairies si besoin. En revanche, il n’y a pas de ration à préparer, d’aliment à distribuer ou de logettes ou aires paillées à curer. Ainsi, les éleveurs ayant maintenu du pâturage soulignent la nature différente du travail avec davantage de temps passé en extérieur et avec les vaches.

Quels conseils pour installer un robot de traite avec pâturage ?

  • Prendre le temps de la réflexion et de l’organisation, notamment par le biais d’échanges avec d’autres éleveurs installés en robot de traite pour identifier les points clé et de vigilance ;
  • Avoir mis en place un pâturage performant avant le passage en robot de traite : dimensionnement des paddocks adapté, bons chemins, abreuvoirs, barrières d’herbage si nécessaire, etc. ;
  • Réfléchir au plan du bâtiment pour adapter la place du robot de traite et des barrières d’herbage afin de faciliter l’accessibilité des prairies.