A l’heure ou cet article paraitra, les dernières balles de chanvre textile auront tout juste été mises au stockage en attente du teillage. Depuis plusieurs années, le Réseau des CIVAM normands assure le suivi agronomique des expérimentations de chanvre textile un peu partout en Seine-Maritime. Son but ? Lever tous les obstacles pour faire émerger la filière du chanvre textile. Récit des péripéties de l’année et des solutions apportées.
En mai et juin : éviter le sec et les corbeaux
Semer ou ne pas semer ? C’est la question que se posaient tous les producteurs à cette période. La graine de chanvre, similairement au lin, a des besoins spécifiques de levée : température, humidité, structure du sol, profondeur. Cette année, ils n’ont pas craint les froideurs des Saints de Glace mais plutôt le sec : semer tant qu’il reste de l’humidité dans le sol ou attendre des pluies potentielles ? Chacun a fait son choix. Des pluies ont finalement assuré la levée de tous les chanvres.
Les corbeaux constituaient la deuxième problématique des mois de mai/juin. En effet, ces oiseaux raffolent des graines et des jeunes pousses. Les producteurs avaient pourtant préparé la défensive : canon, épouvantails, fusil… Mais les corvidés sont intelligents et s’adaptent à tout…
Pendant l’été : trouver le matériel pour faucher…
En juillet, on le regarde pousser ! En effet, le chanvre a plusieurs avantages. Il étouffe les plantes adventices sous ses grandes tiges et ne connait pas de maladies ou ravageurs. Donc, aucun besoin de sortir le pulvérisateur, c’est du 0 phyto !
Début août, la floraison arrive, il est temps de faucher. Et pour ça, il faut du matériel spécifique ! Le constructeur belge Hyler, a mis au point en 2021, un automoteur capable de faucher, sectionner et paralléliser en deux andains les tiges de chanvre. Et ça change la donne par rapport aux années précédentes. L’engin permet de faucher 2ha/h. Les 3 parcelles seinomarines ont été terminées en l’espace de 3 jours.
A la rentrée de septembre : attendre le rouissage
Grâce à l’alternance de pluie et de soleil, le chanvre rouit sous l’action des micro-organismes qui dégradent le liant pectique. Cette action est impérative pour faciliter la séparation de l'écorce avec la tige. Cette année, la fauche tardive n’a pas impacté le rouissage. Les conditions sèches et les pluies de septembre ont permis de le finir.
Un bel espoir pour la filière textile locale.
Après cette saison, les premiers échantillons montrent un taux de fibre intéressant ce qui est encourageant pour la suite. Mais encore un peu de patience : le chanvre doit encore être teillé (opération mécanique, consistant à extraire la fibre de l'écorce de la tige) en période sèche. Il faudra donc attendre le printemps 2023.
Les essais se poursuivront l’année prochaine !