Le 2 octobre 2023, dans le cadre du contrat d’objectifs sur la transition agroécologique, nous organisions une journée d’inter-connaissance sur un phénomène que nous pensions acquis par tous et qui pourtant nous échappe sur bien des aspects : le dérèglement climatique.
Pour nous aider à mieux comprendre les processus impliqués dans le changement de notre climat et à appréhender les conséquences directes pour l’agriculture dans la région Normandie, nous avons sollicité Frédéric GRESSELIN, hydrogéologue à la DREAL Normandie et membre du GIEC normand et Isabelle DIOMAR, chargée de projets Climat à la Chambre Régionale d’Agriculture de Normandie.
Ce qui ressort de ces deux interventions :
Les activités humaines perturbent la capacité des sols à stocker efficacement le carbone. Depuis les années 1950, il est observé un réchauffement perceptible en toute saison de + 1.8°C en moyenne. Les modèles du GIEC sur lesquels sont basées les simulations de l’évolution de la température moyenne annuelle proposent les scénarios suivants : + 2.6°C et + 8.5°C à long terme (2071-2100) sachant que ces simulations ne prennent actuellement pas en compte les perturbations liées au changement du Gulf Stream et à la fonte du Permafrost. Le dérèglement du climat influencera l’évolution du cumul des précipitations à l’horizon 2071-2100, avec une répartition des pluies différentes sur l’ensemble de la région normande, selon la période.
Ces bouleversements affecteront directement l’agriculture normande. Les effets du réchauffement climatique vont altérer les fonctions biologiques du sol bien que notre niveau de connaissances actuelles sur le sujet ne nous permette pas de prédire comment la vie du sol s’adaptera. De manière globale, les canicules successives et les périodes de sécheresse prolongées vont perturber le règne végétal (forêt, rendement de certaines cultures, etc.). Le niveau marin devrait monter de plusieurs décimètres à plus d’un mètre d’ici la fin du siècle, ce qui impactera la possibilité de poursuivre certaines activités agricoles dans plusieurs zones de la Normandie (788km² de terres agricoles concernées, soit 2.6 % du territoire normand).
Ces changements vont amener des questionnements sur la gestion de l’eau, des inondations et la préservation de la biodiversité pour lesquelles nous devrons trouver des solutions collectivement.
L’agriculture modifie considérablement la capacité naturelle des terres à stocker le carbone (drainage, arrachage des haies, retournement des prairies, etc.). L’évolution des pratiques agricoles induites par ce changement doit donc se faire dans le respect des équilibres naturels.
Source : Etudes Normandes, GIEC normand