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 Faire pâturer ses brebis tôt dans l’année et continuer en été pour maximiser la part du pâturage dans la ration, c’est possible !

Si les performances des systèmes herbagers en bovin lait ont été démontrées (voir l’observatoire technico-économique : https://www.civam.org/ressources/reseau-civam/agriculture-durable-thmatique/observatoire-technico-economique-des-systemes-bovins-laitiers-edition-2022/ ), les conseils techniques se montrent souvent plus prudents sur le pâturage des brebis laitières : la fragilité des brebis face au parasitisme, aux troubles métaboliques, et la sensibilité de la transformation fromagère face aux variations alimentaires sont souvent mises en avant comme des freins aux systèmes très pâturant.

Toutefois, dans cette exploitation de l’Eure, qui élève des brebis lacaunes et des vaches allaitantes, la priorité est mise sur le pâturage : « ça nous permet de créer de la valeur en ayant très peu de charges en face !»

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Les brebis commencent donc à sortir quelques heures au pâturage mi-février. Cela permet de faire une transition alimentaire douce (2 à 3 semaines) pour limiter les risques métaboliques et avoir des brebis prêtes à pâturer assez tôt pour le déprimage. Le peu d’herbe qu’elles vont chercher suffit souvent à faire remonter la production laitière. Elles ne restent à l’intérieur que les jours très pluvieux : les pâtures plantées en agroforesterie offrent une protection aux animaux !

Un exemple de gestion du pâturage au printemps : quel impact sur la quantité et la qualité du lait ?

Dès début mars, les brebis sont sorties de la fin de la traite du matin jusqu’au soir, soit environ 8 heures par jour. Elles pâturent d’abord des prairies à base graminées faites pour le printemps et l’automne (fétuque élevée, plantain, trèfle violet, trèfle blanc, fétuque des prés et raygrass anglais) et dépriment des prairies d’été à base de plantain et trèfle violet. Le chargement instantané est relativement élevé : le troupeau d’environ 100 brebis pâturent 25 ares par jour (60UGB/ha) grâce à un paddock de 75ares pâturé au fil avant. La nuit, elles ont du foin de luzerne à disposition, mais il est rapidement moins consommé car elles préfèrent se réserver pour l’herbe !

L’augmentation de la durée de pâturage et de la pousse de l’herbe a provoqué une augmentation de la production laitière mais une baisse des taux : « on est passé de 90 à 115L de lait par jour, mais on ne fait pas beaucoup plus de fromage. C’est vrai qu’à l’herbe, la composition du lait est plus variable, mais il reste de bonne qualité : malgré une légère augmentation du taux d’urée, on a eu aucun problème en transformation. »

Comment prolonger le pâturage sur l’été quand on a commencé tôt ?

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Au printemps, on peut déjà anticiper le pâturage pour l’été : au mois de mai, des stocks sur pieds sont constitués pour les mois de juin et juillet, puis au mois d’août ce sont les luzernières qui sont pâturées. « Comme on doit laisser fleurir les luzernes une fois par an, on préfère réaliser des fauches précoces de qualité (enrubanné fin avril et foin mi-juin) afin de laisser le temps à la plante de fleurir vers août. Ça nous permet de faire pâturer un stock sur pied de qualité en plein déficit fourrager, et sans problèmes de météorisation ». Ainsi, en 2022, les brebis n’ont pas été affouragées avant mi-août, et elles se sont contentées d’un peu de foin à disposition avant et après la traite.

La pratique des stocks sur pieds n’est toutefois pas aisée avec des brebis laitières, qui ont tendance à trier et qui ont de forts besoins : « On donne toujours le meilleur aux brebis. On a l’avantage d’avoir des vaches allaitantes rustiques qui vont toujours pouvoir consommer les stades les plus avancés ou finir les parcelles des brebis ».