Les membres d’un groupe d’éleveurs du Pays de Bray engagés dans le réseau Dephy travaillent sur leur autonomie et mobilisent le levier agronomique des semences fermières. L’objectif est de renforcer l’autonomie semencière des fermes, de réaliser des économies de semences, mais aussi de permettre au champ d’être plus résilient en cas de sécheresse ou d’attaque de ravageur, et donc de mieux s’adapter au changement climatique.
C’est dans cette dynamique que deux agriculteurs du groupe ont chacun dédié 0.5 ha à un essai de maïs population en 2022. Au-delà de l’autonomie semencière, l’utilisation de variété population permet d’introduire plus de diversité génétique dans la culture. Des comptages ont été réalisés en juin et en septembre sur les parcelles de maïs populations et de maïs hybrides conduites avec le même itinéraire technique. Bien que la densité de semis soit inférieure pour le maïs population, le nombre d’épis par pied et le nombre de grains par épi étaient supérieurs, compensant la plus faible densité.
Récolte du maïs population en octobre 2022. La diversité génétique du maïs s’observe sur plusieurs critères, comme la couleur des épis.
Une des parcelles a été récoltée en ensilage afin de comparer la valeur alimentaire avec le maïs hybride cultivé selon le même itinéraire technique. La sélection des épis s’est effectuée sur la parcelle de Mathieu Bénard, ensuite récoltée en maïs grain. Conservés dans un crib auto-construit puis égrené en sortie d’hiver, un test de germination fin avril 2023 a montré un taux de levée d’environ 85 %. Le maïs de 2022 a été semé ce printemps dans des parcelles de quatre membres du groupe pour tester sur d’autres sols, différentes densités et conduites.
L’essai réussi a séduit d’autres membres du groupe, et ils étaient 4 à semer du mais population en 2023. Mathieu Bénard, engagé dans l’essai depuis 2022 témoigne sur les raisons qui le poussent à produire ses semences : « Ce qui nous intéresse surtout, c’est d’avoir des semences adaptées à notre terroir, et de les produire nous-même ».
Élodie Martin-Abad, chargée de projet grandes cultures économes au CIVAM, suit de près les essais et se réjouit des résultats de cette deuxième saison : « Les semences récoltées en 2022 ont donné un bon taux de germination et ont pu être semées en 2023. Un des enjeux des semences population de maïs est la conservation en épis, l’égrenage, le stockage, sans abimer le grain. Les autres points d’attention sont les dégâts au semis par les corbeaux (problématique présente également sur les parcelles d’hybrides), et les croisements génétiques. Il est recommandé d’isoler au maximum la parcelle de maïs population qui sert à la production de semences afin de limiter les croisements avec les parcelles de maïs hybride. Le maïs population étant plus haut il est intéressant pour l’ensilage. Disséminer la pratique permettrait d’acheter collectivement du matériel pour mécaniser la récolte des épis, et de vraiment passer à l’échelle en semant plus d’hectares. »
Pour retrouver l’article Ouest-France au sujet de ces essais cliquez ici
Pour en savoir plus sur les semences fermières :