Le maïs grain humide, un aliment qui mérite notre attention ! Au sommaire de notre article :
1. Un concentré de haute valeur nutritionnelle
2. Comment l'intégrer dans la ration ?
3. Conditions de récolte et de stockage
6. Bonus : les astuces d'une éleveuse !
Un concentré de haute valeur nutritionnelle
Le maïs grain humide (MGH) concentre la partie la plus dense en énergie de la plante et possède donc une haute valeur énergétique avec en moyenne 1.23 UFL/kg MS ou 1.26 UFV/kg MS. Il possède un faible encombrement et sa teneur en amidon est 2.5 à 3 fois plus élevée que celle d’un ensilage de maïs plante entière. La vitesse de dégradation de l’amidon est élevée : plus proche d’un blé que d’un maïs grain sec, ce qui le rend plus assimilable. Ainsi l’amidon est disponible rapidement et en quantité importante. La dégradabilité de l’amidon sera d’autant plus élevée que le stade de récolte est précoce et que la durée de conservation est longue.
Le tableau ci-dessous permet de situer le MGH par rapport aux différentes formes de maïs et au blé.
Sources : INRA / Arvalis – Institut du végétal
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Comment l’intégrer dans la ration ?
→ En complément énergétique des rations à base de fourrages déficitaires en énergie (herbe d’automne, foin, ensilage d’herbe, ensilage de maïs)
Pour les vaches laitières, il permet de densifier la ration en énergie. Le taux d’amidon de la ration ne doit pas dépasser 27%, sans quoi le risque d’acidose est élevé. Par ailleurs, il faut s’assurer que la fibrosité de la ration soit suffisante et que l’équilibre Énergie-Azote soit adapté.
→ Pour densifier la ration en énergie des animaux à haut niveau de production
Pour les animaux à l’engraissement, le MGH peut être l’aliment de base de la ration. Il doit être complété par des fourrages grossiers (foin ou paille), distribués à volonté, afin d’apporter des fibres longues et favoriser la rumination.
Le MGH peut aussi être utilisé comme complément énergétique des rations à base d’ensilage maïs plante entière. Dans ce type de ration, le MGH ensilé sera mieux valorisé que s’il est entier. Toutefois, le broyage ou l’aplatissage du maïs entier avant distribution permet de retrouver une bonne valorisation.
Enfin, il peut être une opportunité pour diversifier une ration en incorporant des fourrages riches en protéines et moins énergétiques que le maïs fourrager (prairies, luzerne, méteil immature).
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Conditions de récolte et de stockage
L’idéal est de récolter à la maturité physiologique, c’est-à-dire dès l’apparition du point noir à la pointe du grain.
Selon les volumes et les moyens de la ferme, le maïs humide peut être stocké sous deux formes : ensilé ou en grains entiers aussi appelé inerté. Selon la forme et le volume, plusieurs modes de stockage existent. Si le maïs est trop sec, il peut être envisagé d’incorporer un conservateur à la récolte afin de sécuriser la conservation en diminuant le risque de développement de moisissures à la reprise du maïs.
Le principe de conservation est identique à celui de l’ensilage. En absence d’air, des bactéries se développent et produisent du gaz carbonique ou de l’acide lactique selon le mode de fermentation, ce qui interrompt l’activité des différentes bactéries et moisissures. Le maïs peut ainsi se conserver 1 an et demi.
Point d’attention sur la qualité sanitaire : il est nécessaire de vérifier l’état et la propreté des épis (absence de fusariose sur l’épi, absence de pourritures et moisissures) pour éviter le développement des mycotoxines au stockage. Les équipements de récolte et de stockage doivent aussi être nettoyés avant utilisation.
1 / Le maïs grain humide ensilé :
Afin d’avoir une valeur alimentaire et une conservation optimale, la récolte doit se faire à un taux d’humidité autour de 35%.
Il est broyé à la récolte et conservé en silo, bien tassé et fermé hermétiquement. Deux formes de stockage sont possibles :
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En silo boudin : pour de petits volumes et nécessite peu d’investissement. Attention lors de la compression du maïs dans le boudin à ce que le maïs soit bien compressé, sinon il chauffera. Le principal inconvénient de ce mode de stockage est la reprise du maïs qui est difficilement mécanisable. Il faut veiller à ce que les abords du boudin restent propres (installer le boudin sur une aire stable et portante en période hivernale et éviter les herbes envahissantes… pour surveiller aisément l’absence d’attaques de rongeurs).
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En silo-couloir : pour des volumes plus importants. Le dimensionnement du silo doit être pensé afin de permettre un désilage de 10-15 cm par jour en hiver et de 20-25 cm en été afin d’éviter toute reprise de fermentation sur le front d’attaque.
Il est recommandé de mettre un filet sur le boudin ou sur la bâche du silo couloir afin d’éviter les attaques des oiseaux.
2 / Le maïs grain humide inerté :
Il doit être récolté avec un taux d’humidité autour de 28-30 %. Là aussi pour garantir une bonne conservation, il est important de maintenir un stockage bien hermétique. Différents modes de stockage existent :
- En Big Bag : pour de petits volumes et nécessite peu d’investissements. Une fois ouvert, un sac doit être rapidement consommé ou être très bien refermé après usage pour ralentir le retour en fermentation. Pour des astuces sur l’utilisation du stockage en big bag cf. le témoignage d’une éleveuse en bas de l’article.
- En silo souple : pour des quantités allant de 20t jusqu’à 200t. Il s’agit d’une enveloppe souple et étanche intégrée dans une structure métallique. Il se remplit par le haut et le maïs est repris par le bas par une vis au jour le jour selon les besoins de l’élevage.
Silo souple de 120t de Bernadette Mousqué (64) © B. Mousqué. - En silo tour : fait en acier vitrifié, pour des volumes de 200 à 1200 m3. Il est plus adapté aux élevages stockant des volumes importants.
Un intérêt économique : économies de séchage
Pour sécher une tonne de maïs grain à 32 % d’humidité (et la ramener à 15 %), il faut environ 16 kg de gaz naturel ou 20 litres de fioul. Avec un coût de séchage autour de 30 €/t (pour un maïs entre 30 et 35 % d’humidité), le séchage représente un des postes les plus importants du coût de production du maïs grain, ce qui est d’autant plus vrai avec le contexte actuel de hausse des prix de l’énergie. Ainsi conservé humide, le MGH ne consomme pas d’énergie de séchage, c’est un moyen efficace d’améliorer le bilan énergétique et la trésorerie.Si l’on ramène à l’hectare en prenant un rendement de 10t/ha et un maïs récolté à 35 % d’humidité, l’économie réalisée s’élève à environ 173 € (HT) de gaz naturel ou 212 € de fioul domestique.
Un intérêt environnemental : moins d’émissions de GES
Selon une étude réalisée par Arvalis à partir de fermes types de polyculture-élevage, l’absence de séchage du MGH permet, grâce à l’économie d’énergie fossile, de réduire de 25 à 30 % les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) de la culture, du semis à la sortie du stockage.
Astuces d'éleveuse
Découvrez ici les astuces partagées par une éleveuse ayant intégré le MGH à ses rations depuis plus de 10 ans, sous forme de stockage en grain en big bag de 1t et en silo souple de 120t.
Bernadette Mousqué, polycultrice-éleveuse du sud-ouest de la France, a intégré le maïs comme aliment de base pour l’engraissement de bovins et de porcs Kintoa plein air dans une démarche d’autonomie alimentaire.
Astuces et points de vigilance pour un bon stockage en big bag :
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Mettre une poche intérieure dans le big bag. Compter 3.3€-3.5€ par poche, il est possible de les acheter en rouleaux de 25.
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Acheter des big bags d’occasion à moitié prix chez Opale Equipement (basés en Seine-Maritime) : https://www.big-bag-container-occasion.fr/. Compter 6-7€ pour un big d’occasion.
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Acheter des big bags avec une jupe qui permet de bien recouvrir le dessus pour protéger des attaques de ravageurs.
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Récolter à un taux d’humidité inférieur à 28%.
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Pour le remplissage : enfiler les anses du big bag sur un frontal ou un lève palette. Remplir le big bag aux ¾ maximum ! Un big bag d’une tonne contient 800kg de MGH. Pour chaque big bag pour les 20-30 premiers kg tenir la poche intérieure à 2 personnes pour que la poche s’ouvre bien au fond et ne fasse pas « un boudin ». Puis finir de remplir normalement.
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Pour la fermeture du big bag : fermer la poche intérieure avec un collier d’électricien de 30 cm environ. Elle conseille de la fermer une première fois puis de faire un bec de cygne et de refermer avec un 2ème collier. Il faut bien serrer pour garantir l’herméticité ! Les colliers d’électricien s’achètent dans les magasins d’électriciens pour pas cher.
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Attention aux rongeurs et aux oiseaux : s’ils percent le sac, le contenu est perdu ! Pour éviter cela poser les big bags au sol, surtout pas sur des palettes qui feraient un abri idéal pour les rongeurs. Idéalement les poser sur du béton. Ils n’ont pas besoin d’être stockés à l’abris. Séparer les big bags de 10-15 cm pour empêcher les rongeurs de se nicher entre les big bags et faire des allées de 30-50 cm pour permettre un passage d’humain et pouvoir aller piéger entre les sacs.
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Pour les élevages avec des faibles besoins quotidiens : elle conseille d’adapter ses big bags à ses besoins en choisissant des big bags plus petits ou en les remplissant à moitié.
Cet article a été rédigé par Solène Mousqué, chargée de projet élevages autonomes.