Compte-rendu de visite chez la famille Soenen, ferme bio en polyculture-élevage bovin lait.
A la demande du groupe DEPHY pays de Bray et du groupe “Cultures” Pointe de Caux, le 27 juin 2019, nous avons visité la ferme de Nadège, Emmanuel et Joris Soenen. L’ambition de cette journée était de visiter une ferme durable qui actionne des leviers agronomiques pour gérer les adventices, de comprendre et d’analyser ces leviers.
{slider=Histoire de la ferme|closed}
- 1989 : installation d’Emmanuel SOENEN sur 32 ha en polyculture-élevage bovin lait
- 1995 : arrêt du maïs ensilage, ration 100 % herbe
- 1999 : conversion de l’atelier lait en bio
- 2001 : installation de Nadège SOENEN et conversion en bio des cultures. La ferme fait alors 150 ha. Le regard des gens, des voisins sur les produits phytos a été un élément déclencheur de la conversion au bio.
{slider=Contexte pédo-climatique|closed}
La ferme est située à la limite entre le plateau du Neubourg et le Roumois (pluviométrie moyenne : 750 mm). Les cultures et prairies en rotation sont sur des limons profonds du plateau du Neubourg. Les coteaux calcaires et les argiles à silex sont en prairies permanentes.
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La ferme aujourd’hui
- Ferme en polyculture élevage sur 165 ha dont 50 ha de cultures.
- 70-80 montbéliardes pour 300 000 L/an
- 3,25 UTH : Nadège et Emmanuel + leur fils Joris qui s’installera prochainement + 1 salarié à ¼ temps)
{slider=La rotation|closed}
La rotation est organisée autour de la culture du lin. Les cultures les plus couvrantes (orge-pois et avoine) sont positionnées en fin de rotation. La prairie temporaire en tête de rotation peut être fauchée ou pâturée.
Rendements moyens :
- Blé tendre d’hiver bio : 40 q/ha
- Avoine d’hiver bio : 45 q/ha
- Lin textile bio : 5,5-6 t/ha de filasse à 22% en moyenne
Blé précédent prairie
Lin - salué par le groupe !
{slider=L’élevage|closed}
Pâturage de mi-mars à décembre avec complémentation en fourrage si besoin. 28 paddocks dont 8 fauchés. Pâturage tournant géré selon la pousse de l’herbe mesurée tous les 10 jours à l’herbomètre.
Vêlages groupés au printemps pour être calés sur la pousse de l’herbe. Arrêt de la traite pendant 2 mois l’hiver, avec une période de transition en monotraite.
Les veaux sont sous des vaches nourrices depuis 2 ans (3 à 4 veaux par vache), ce qui a permis d’alléger le temps de travail durant la période des vêlages.
La ferme achète 15 ha de foin de luzerne à une ferme céréalière voisine en bio pour garder des surfaces pour la culture de lin. Le fumier composté est épandu avant chaque culture, hormis le lin.
{slider=Les débouchés|closed}
- Autoconsommation : mélange orge-pois stocké à la ferme (6 cellules sur la ferme au total)
- Biocer : céréales en alimentation humaine livrées directement (Prix de base du blé : 400 €/t à 10,5% de protéines) + production de semences non triées, stockées à plat à la ferme
- Coopérative du Neubourg : lin textile (Prix moyen : 4 €/kg).
- Le lait est collecté par Biolait depuis 2 ans (prix de base : 470 €/t).
{slider=Résultats économiques|closed}
L’atelier lait représente 70 % des résultats économiques. Les aides au maintien de l’agriculture biologiques sont un plus non négligeable, mais leur arrêt ne mettrait pas la situation économique de la ferme en péril.
Sur le blé, la totalité des charges (loyer, mécanique, main d’œuvre…) est payée avec un rendement de 18 quintaux par hectare.
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Quels leviers de gestion sans chimie ?
{slider=Pour les adventices|closed}
- La rotation avec 3 à 5 ans de prairie temporaire en tête d’assolement et l’alternance culture d’hiver et culture de printemps
- Le labour systématique
- Le retard des dates de semis afin d’éviter la levée des adventices dans la culture (blé au 15 novembre, lin mi-avril
- La réalisation de faux-semis permet de réduire le stock semencier
- Des cultures couvrantes comme l’avoine et le choix de variété de blé à port étalé
- Le désherbage mécanique (herse-étrille, houe rotative) sur les cultures de printemps. Il a été abandonné sur les cultures d’hiver car il n’y avait pas de différence observée. Le décalage de date de semis suffit à gérer les adventices. Le désherbage mécanique est utilisé « en dernier recours », avec les autres leviers qui sont prioritaires et qui permettent en année humide de gérer les adventices.
ITK blé 2019 :
- Déchaumage le 2 novembre
- 1 passage de herse rotative le 5 novembre
- Déchaumage le 9 novembre
- Labour et semis (450 gr/m²) le 14 novembre
Rq : déchaumeur à dents uniquement car le déchaumeur à disques favorise la multiplication des chiendents.
Avoine d’hiver
{slider=Pour les maladies et ravageurs|closed}
- Le choix de variétés résistantes (Titlis en blé, Bolchoï en lin)
- Le retard des dates de semis
Les insectes ne posent de problème particulier sur la ferme. A l’observation, le blé est touché par la septoriose jusque sur la dernière feuille.
Les semences ne sont pas traitées hormis les semences de blé parfois traitées au vinaigre blanc contre le risque de carie.
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Bilan en groupe de la visite
Ce qui a plu :
- « La bonne maîtrise du salissement des graminées »
- « Le lin en bio, c’est possible »
- L’essai de soja
Ce qui pose question :
- Le labour systématique
- Des mélanges d’espèces ? (ex : mélanges variétaux de blé)
- Transposition de certaines pratiques en conventionnel (ex : le blé ne serait pas dans cet état avec 18 unités d’azote minéral > nécessite de repenser le système)
Ce qu’ils ont emporté chez eux :
- Retarder les dates de semis, encore plus
- Une culture étouffante
- Penser à la rotation et à l’alternance des cultures de printemps et d’hiver
{slider=Objectifs et projets|closed}
- Installation de Joris
- Améliorer la gestion de l’herbe
- Réduction du travail du sol : la profondeur a déjà été réduite (18 cm). Les réglages de la charrue sont encore perfectibles. Cette année, une erreur de réglage a entraîné le repiquage de prairie dans une petite surface en blé. L’objectif serait de ne pas labourer tous les ans.
- Semer les couverts plus tôt
- Plantation de 4,5 km de haies pour faire de l’ombre aux animaux
- Essai de soja pour l’alimentation humaine
Repiquage de prairie dans du blé
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avec le soutien financier de l'Agence de l'Eau Seine Normandie
